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Le 08 mai 2024, la commémoration de la victoire du 08 mai 1945 à l’ambassade de France à Addis-Abeba était associée aux 120 ans de l’Entente cordiale (08 avril 1904) en présence de monsieur Darren Welch, ambassadeur de Grande Bretagne, de son attaché de défense et de son porte-drapeau.
Monsieur Rémi MARECHAUX, ambassadeur de France, a, après la lecture du message du ministre des forces armées, rendu un hommage tout particulier aux aviateurs français des Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL) morts en service pour la France et pour la libération de l’Ethiopie.
Dès le lendemain de la signature de l’armistice le 22 juin 1940, des aviateurs du Levant et d’Afrique du nord ont choisi de continuer le combat, ils ont estimé que leur mission était de maintenir la présence des forces aériennes françaises aux côtés des Alliés et d’assurer le trait d’union. Ils ont rejoint l’aérodrome d’Héliopolis près d’Alexandrie (Egypte) par les airs ou par voie routière (via la Transjordanie et la Palestine).
Le 08 juillet 1940, l’aviation « dissidente » française alignera un effectif de 5 officiers, 25 sous-officiers, 6 hommes de troupe et 8 avions (2 Glenn Martin 167, 2 Morane 406, 2 Potez 63.11, 1 Caudron Simoun et 1 Bloch MB81)
C’est à Bogush, près du Caire, sans contact avec Londres, que le capitaine Jacquier Paul (qui était commandant en second du GAO 583 de Qousseir en Syrie et qui a quitté son unité le 27 juin 1940 à bord de son Potez 63.11 pour rallier Ismaïlia) traite directement avec la plus haute autorité de la RAF Middle East : l’Air Marshall Longmore pour l’intégration des aviateurs français au sein de la RAF. Avec l’accord de l’Air Marshall, sont constituées les trois premières escadrilles des FAFL :
French Bomber Flight N°1 (reconnaissance) rejoindra Aden-Khormaksar où sont déjà affectés les N° 8 et N° 203 Squadron dotés de bombardiers Bristol Bleinheim.
French Fighter Flight N°2 (chasse) combattra aux côtés du Squadron de chasse 274.
French Communication Flight N°3 restera à Héliopolis (Egypte) pour des missions de liaison en Egypte et en Palestine.
L’escadrille French Bomber Flight N°1 appelée aussi l’escadrille d’Aden, commandée par le capitaine Dodelier Jacques, aura pour mission des vols de reconnaissance et de mitraillage au-dessus de la Somalie britannique (Somaliland), de l’Erythrée et de l’Abyssinie occupées par les troupes italiennes.
L’escadrille d’Aden, constituée de deux Glenn Martin 167 (N° 82 et 102) substitués secrètement le 1er juillet 1940 du Groupe de bombardement 1/61 de Yousk-les-bains (Algérie), a quitté Héliopolis le 13 juillet 1940. Après une escale à Port-Soudan, ils décollent le 14 juillet. Au cours du vol, le Glenn 102 du capitaine Dodelier quitte son cap sur Aden. Il survole pour une reconnaissance à vue les villes de Massawa et d’Assab tenues par les forces italiennes. Il s’agit de la toute première mission de guerre effectuée par un équipage français des FAFL.
Dès son arrivée à Aden-Khormaksar, l’escadrille d’Aden enchaînera les missions aux côtés de la RAF.
Le 16 août 1940, le Glenn 102 participe à la protection du rembarquement des troupes anglaises en patrouillant au-dessus de Berbera (Somaliland). Le pilote Trécan Yves aperçoit un chasseur italien Savoia-Marchetti SM79 du 44ième Gruppo qu’il abat. Il s’agira de la toute première victoire aérienne des FAFL depuis le 22 juin 1940.
Le 08 septembre 1940, le Glenn 82, parti pour une reconnaissance de la ligne de chemin de fer Djibouti-Addis Abeba, est intercepté par trois chasseurs italiens Fiat CR32 de la 413a Squadriglia ayant décollé sur alerte d’Addis-Abeba. Après avoir pris des photos de la plaine d’Awash à Modjo, le Glenn pique pour mitrailler le poste italien défendant le pont d’Awash. Le Glenn sera touché vers Modjo (proche d’Addis-Abeba) au moment de la ressource. Le seul survivant, le lieutenant Pierre de Maismont (observateur), sautera en parachute, il est fait prisonnier par les italiens et condamné à mort comme franc-tireur puis sera gracié par le Duc d’Aoste, vice-roi d’Abyssinie. Il sera libéré le 24 avril 1941 par les anglais lors de la retraite des italiens d’Addis-Abeba. Les aviateurs capitaine Ritoux-Lachaud (observateur), l’adjudant-chef Rolland (pilote) et le sergent Labato de Faria (mitrailleur) périront dans l’avion.
Le 16 décembre 1940, le Glenn 102, lors de sa 44ième mission à l’occasion d’une reconnaissance pour un contrôle de résultats d’un bombardement par des Bristol Bleinheim de l’aérodrome de Dire-Dawa, sera pris à partie par deux chasseurs italiens Fiat CR32 de la 410a Squadriglia en couverture sur zone. Le Glenn s’écrasera à Mello à 30 kilomètres de Dire-Dawa. Seul, le sergent-chef Cunibil Robert (mécanicien) quittera en parachute l’avion en flammes, il sera fait prisonnier par les italiens, conduit à Addis-Abeba où il sera condamné à mort. En prison, il retrouvera son ami le lieutenant Pierre de Maismont. Ils seront libérés en même temps le 24 avril 1941. Les aviateurs capitaine Dodelier Jacques (navigateur), l’adjudant-chef Trécan Yves (pilote) et le sergent Michel Yves (radio-mitrailleur) ne seront pas retrouvés et seront déclarés officiellement portés disparus.
L’histoire de l’escadrille d’Aden s’arrête le 16 décembre 1940.
Les dépouilles du capitaine Ritoux-Lachaud Roger, de l’adjudant-chef Rolland Raymond et du sergent Labato de Faria Emile reposent au cimetière britannique de Gulele (banlieue d’Addis-Abeba) dans le carré des militaires anglais tombés en service pendant la campagne de libération de l’Ethiopie.
A titre posthume, le capitaine Dodelier Jacques et le capitaine Ritoux-Lachaud Roger seront Compagnon de la Libération et la Croix de l’Ordre de la Libération leur sera décernée le 20 août 1941.
Le personnel non-navigant basé à Aden a été rapatrié en Egypte et a rejoint le Groupe de bombardement Lorraine.
Le général de Gaulle inaugurera la stèle de l’escadrille d’Aden à l’ambassade de France lors de son séjour à Addis-Abeba du 27 au 29 août 1966 en présence de monsieur Jean-Pierre Bénard (ambassadeur).
Photo : Crédit : ambassade de France Addis-Abeba.
Source historique : Section de l’Union Nationale des Combattants d’Ethiopie.
Article : Jean-Luc DESCHAMPS
mise en ligne le 18/05/2024 par : Christian CASON